Moulins, truites et moules perlières : une cohabitation de 150 à 400 ans
Les truites et les moules perlières étaient présentes dans la rivière au XIXe siècle, alors même que tous les moulins étaient déjà en place depuis 150 à 400 ans. Il est reconnu que les seuils du Cousin Aval ont des hauteurs modestes et un impact proportionné. On est très loin des grands ouvrages hydrauliques et infranchissables.
Un faible impact écologique, une vraie valeur patrimoniale et touristique, un potentiel énergétique
Ces moulins, s’ils ne représentent pas une grave atteinte à l’écologie et la morphologie du Cousin, sont en revanche partie intégrante du paysage de la vallée et du patrimoine historique de l’Avallonnais. Ils représentent par ailleurs un certain potentiel énergétique, à l’heure où le Ministère de l’Écologie a décidé d’appuyer sur l’accélérateur en ce domaine et de créer des « emplois verts ».
Ce que montre l’estimation de BIOTEC : détruire coûte plus cher qu’aménager
Dans le cadre du contrat LIFE+ pour la restauration écologique du Cousin Aval, le Parc du Morvan a demandé au bureau d’études BIOTEC de proposer une stratégie. Dans 9 cas sur 24, ce dernier a proposé des solutions alternatives : soit la destruction complète du seuil de moulin, soit son aménagement par une passes à poissons (ou une rivière de contournement).
Site | Option dérasement / arasement | Option passe à poisson / rivière de contournement |
---|---|---|
Moulin Cadoux | 150 | 60 |
Moulin Bonnin | 45 | 20 |
Papeterie de Vesvres | 50 | 45 |
Moulin Veyrat | 45 | 20 |
Foulon de la Rochette | 70 | 60 |
Moulin Bondeau | 160 | 50 |
Moulin Nageote | 160 | 70 |
Moulin Poichot | 140 | 70 |
Moulin des Ruats | 25 | 15 |
TOTAL | 845 | 410 |
Ce que montre l’estimation de BIOTEC (travaux seuls, hors coût de dossier, avec choix de la solution la plus ambitieuse dans chaque cas), c’est que la destruction coûte plus cher que l’aménagement écologique :
- La destruction des 9 seuils para arasement ou dérasement représente un coût de 845 k€ ;
- Alors que l’aménagement écologique des seuils représente un coût de 410 k€.
Autrement dit la destruction, qui a de nombreux désavantages, est aussi l’option la plus dépensière : deux fois plus coûteuse.
L’étude complète de BIOTEC est téléchargeable à la fin de l’article.
Alors, pourquoi pousser à la destruction du patrimoine hydraulique ?
Au vu de cette estimation, les décideurs devraient sans regret favoriser les solutions de franchissement piscicole et profiter des économies ainsi réalisées pour améliorer d’autres aspects de la morphologie et de l’écologie de la rivière. Par exemple pour aider les collectivités à lutter contre la pollution chimique du Cousin et de ses affluents.
Hélas, plusieurs adhérents et riverains nous ont prévenu que le Parc du Morvan refusait dans certains cas le financement des passes à poissons, préférant le choix le plus destructeur... ou abandonnant le maître d’ouvrage à ses problèmes, sans lui faire bénéficier du financement très généreux de LIFE+ et sans améliorer du même coup l’état écologique du site. Pourquoi ?
A suivre
Notre association aura l’occasion de revenir sur ce problème manifeste de gouvernance, auprès des médias et dans une réunion d’information en septembre.
Nous verrons dans un prochain article la question du potentiel énergétique des 24 sites, question qui a malheureusement été totalement délaissée.