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La loi Duplomb : une loi au service de l’agro-industrie

La loi dite Duplomb (du nom de son initiateur) a été votée au parlement au début du mois de juillet.

Depuis une pétition sur le site de l’Assemblée Nationale a atteint les 1 million 800 000 signatures à l’heure où j’écris ces lignes.

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Edit : au 28 juillet 2025, la pétition a dépassé la barre des 2 000 000 de signatures !
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Cette loi est volontiers présentée par ses défenseurs — notamment les trois députés « Racistes Nationaux » (RN) de l’Yonne — comme visant à défendre le monde agricole.

Sauf que non. Cette loi vise à défendre une frange du monde agricole, au détriment de la petite paysannerie, de la santé de tous et du vivant.

Dans cette article : trois des mesures de cette loi les plus emblématiques.

Une excellente analyse de la chaîne « Le Média »

La réautorisation de certains néonicotinoïdes

L’article 2 permet de réintroduire certains néonicotinoïdes. Il s’agit de susbtance toxique pour certains parasites (de la betterave et des noisettes notamment). Sauf que... ces susbtances, via le cycle de l’eau, se retrouvent également dans l’eau de pluie, et se révèlent toxiques pour d’autres animaux que leurs cibles initiales. Notamment les insectes pollinisateurs, comme le relève l’INRAE (qui n’a rien d’une structure de gauchistes).

Autrement dit, pour défendre une production de quelques spécialistes, on met en danger d’autres productions, notamment arboricoles.

Et nous ne parlons même pas des effets sur la santé humaine.

Car le point important est là : réintroduire ces néonicotinoïdes, ce n’est pas « protéger l’agriculture », c’est protéger une frange de l’agriculture aux détriments des autres.

Les mégabassines

En encourageant les mégabassines, la loi met en danger les nappes phréatiques (puisqu’on sort de l’eau des nappes pour l’exposer en plein soleil) et les écosystèmes. Mais surtout qui profite de ces bassines gigantesques ? Seul 15 % des exploitations agricoles sont irriguées, seuls 1 % sont reliées à ces infrastructures, pour des coûts qui explosent.

Et ces détournements de l’eau mettant en péril les écosystème locaux, met également en péril l’agriculture. Car l’agriculture s’inscrit toujours dans un ensemble plus large. Les haies sont protectrices contre les parasites, les zones humides permettent de réduire les risques d’inondations etc.

Car le point important est là : faciliter les mégabassines, ce n’est pas « protéger l’agriculture », c’est protéger une frange de l’agriculture aux détriments des autres.

Les élevages industriels

La loi augmente les seuils pour qu’un élevage soit déclaré comme classé pour la protection de l’environnement. Autrement dit, des structures de 40 000 volailles ne seront désormais plus soumises aux mêmes réglementations. Mais 40 000 volailles, c’est déjà des grosses structures. Ce sont des structures pour de l’agro industrie, pas pour de la petite paysannerie. On facilite donc la concentration animale dans quelques structures.

Cette concentration animale n’est possible que pour les riches agriculteurs, qui n’ont plus d’agriculteurs que le nom : ce sont des industriels.

Cela se fait au détriment du bien être animal, de l’environnement [1], de la qualité de la viande.

Et surtout encore une fois faciliter les élevages industriels, ce n’est pas « protéger l’agriculture », c’est protéger une frange de l’agriculture aux détriments des autres.

Conclusion

Cette loi n’est pas seulement une regression écologique. C’est avant tout la victoire d’une frange de l’agriculture sur la petite paysannerie. C’est la lutte des classes dans le monde agricole.

Quoi d’étonnant que les députées « rassemblement nationaux » (RN) qui ont toujours soutenu les plus riches, la votent ?

Alors que faire
 d’abord se mobiliser en signant la pétition
 ensuite écrire à nos députées, pour leur dire qu’on n’est pas dupe
 enfin, participer à toutes les mobilisations, notamment à l’appel de la Confédération Paysanne, qui elle, défend une vision de l’agriculture au service de tous et de toutes, et pas que de certaines personnes.


[1Car en facilitant la production de viande à moindre coût, on ignore tout l’impact catastrophique de la viande sur l’environnement.

Par Maïeul Rouquette

Publié le jeudi 24 juillet 2025

Mis à jour le lundi 28 juillet 2025

#pesticides #resister